20h00 – Moscou
« Voici votre argent. 160 000 dollars, comme prévu » L’étranger s’empara de la mallette noire protégée, qu’il déverrouilla en introduisant le code informatique. Après avoir vérifié la correcte somme qu’on lui devait, en échange des armes qu’il proposait aux services de la mafia Russe avec qui il était en étroite collaboration, Ambroise referma la mallette puis jugea son client d’un regard satisfait. Ils étaient seuls tous les deux. A quoi bon s’endosser la présence de quelques bons soldats, quand votre commanditaire possède un pouvoir qui pourrait vous retourner la tête ? « Et aussi… » Ambroise suivit du regard le mouvement du Russe, qui plongea sa main gantée sous son veston pour en ressortir non pas une arme, mais une enveloppe scellée à la cire rouge. Le scientifique sourit et s’empara de celle-ci qu’il fourra rapidement dans une poche intérieure de sa veste. « Ce que vous aviez demandez… » Voilà, l’échange était clos, il pouvait quitter cet endroit moisi et disparaître dans les abysses de la nuit, sans un mot. Ce n’était pas son genre de parler pour ne rien dire. Aussi, quand bien même il fut sortit de l’entrepôt abandonné, Ambroise pût entendre un soupir de soulagement venir de l’intérieur du bâtiment. Même ses plus fidèles clients n’ont pas toujours été très à l’aise en sa présence. A cause de son pouvoir ? Ou de son impulsivité ? Les deux associés.

Bref, le scientifique était satisfait. Il repartait non seulement avec une somme d’argent qui lui permettrait d’acheter du matériel technologique suffisant pour continuer l’élaboration de son prototype, mais en plus, il emmenait avec lui l’identité de l’individu qui était à l’origine du massacre de sa famille, trente années plus tôt.

Ambroise est un homme rancunier et la SHIELD commence à l’apprendre à ses dépends, mais l’assassin de sa famille l’apprendra aussi bien assez vite. Dans cette enveloppe croupissait le nom de sa future victime. La rancune tenace, le grand brun semblait avoir beaucoup de comptes à régler en ce moment. La SHIELD, cette personne, le besoin de trouver des alliés de confiance pour renverser son ancienne agence…Ce n’est pas demain qu’il pourra se reposer.

Enfin, en attendant, le scientifique se dirigeait vers les bas quartiers de Moscou,s’engouffrant dans les ruelles les plus miséreuses, mais dépourvues de caméras, sans une once d’appréhension. L’air était humide, les relents des poubelles stagnaient avec répugnance entre les murs forts rapprochés des habitations. Quel fou oserait s’aventurer dans ces lieux hostiles, où règnent la bagarre et le meurtre ? Ambroise…mais pas seulement lui. Non car depuis quelques minutes, le grand brun ressentait cette étrange impression d’être suivi. Pourtant, il poursuivit son chemin sans un mouvement pour vérifier qu’on le traquait. Oh, il n’avait pas besoin d’inspecter les lieux…il avait déjà étalonné l’endroit où sa future victime se terrait, se pensant en sécurité et invisible. Aussi, lorsqu’un déclic d’une gâchette rompit discrètement le silence de la nuit, Ambroise fit léviter avec rapidité une plaque métallique qui résidait contre un mur pour le mettre en lui et le tireur tapis sur le toit d’une habitation, juste au-dessus de lui. La balle vint se loger dans la paroi d’acier gaspillée. « Manqué…» Un vague murmure. Avant que le mercenaire, parce que s’en était assurément un, ne tire une nouvelle cascade de coups pouvant l’atteindre, le pauvre gueux fut assommé par la lourde plaque de métal que le scientifique venait de lui balancer à la figure grâce à son pouvoir. Quand le silence redevint maître des lieux, l’homme lévita jusqu’au toit du bâtiment pour constater l’état du mercenaire. Il était seulement inconscient. Ce n’était pas suffisant…pas s’il voulait faire comprendre à ses clients qu’ils avaient grand intérêt à se plier à ses règles. Il sortit son propre calibre et tira une balle dans le front du malchanceux.

Quelle étrange soirée…

Une soirée où, à nouveau, la confiance lui révélait son aspect fébrile et fumeuse. Mais Ambroise a l’habitude. L’humain est cupide et avare. Il n’aspire qu’à plus de richesses, plus de profits, encore et toujours. Serein, l’étranger repris sa route et finit par sortir des boyaux des banlieues malfamées pour se retrouver dans une grande avenue. Quelques promeneurs du soir erraient sur le trottoir. Certains en couple, d’autres avec des potes…et il y avait aussi des âmes solitaires, comme lui. Des individus qui aspiraient au calme de la nuit. Ambroise s’apprêta à poursuivre lorsqu’une voix le stoppa, braquant tous ses muscles. « Vous êtes justement l'homme que je cherchais! »Ah ? Quand l’interpellé se retourna vers le propriétaire de la voix masculine, il ne put que froncer les sourcils. La surprise, mais aussi la curiosité et la méfiance tournaient à vive allure dans son esprit agité par mille et unes questions. Une seule parvint à franchir la barrière de ses lèvres. « Pourquoi un dieu porterait-il un quelconque intérêt à ma personne? » Un rictus souleva la commissure de sa bouche. « Loki si je ne m’abuse ? Je vous pensais retourner à Asgard, avec votre frère… » En tant qu’informaticien accompli, Ambroise connaissait tous les détails des secrets de la SHIELD et rien des affaires passées ou récentes où l’agence avait mis son grain de sel ne lui étaient inconnues. L'humain jugea le dieu d'un regard curieux...se demandant quelle affaire l'avait amenée jusqu'à lui. Tous deux immobiles, il savait qu'ils étaient tous deux lorgnés avec curiosité par les passants. Une sensation fort désagréable qui l'indisposait toujours autant. Au loin, une voiture de flic s'approchait dangereusement. Sans doute effectuait-elle sa ronde habituelle, mais Ambroise ne souhaitait pas attirer l'attention. « Marchons, voulez vous...je ne souhaite pas voir la police russe s'intéresser à nous... » L'homme reprit sa marche sans se soucier de savoir si Loki ferait de même, la mallette toujours en main. Il ne tenait pas à attirer l'oeil de la SHIELD sur un remue ménage particulier qui se serait dérouler à Moscou.